〈...〉

Je suis ambigu.

Nous sommes ambigus. Vous êtes ambigus. Tout est ambigu.

Il y a de la beauté dans la tristesse. Des doutes dans le bonheur. Un mythe dans la confiance en soi. J’aime cette idée que rien n’est simple. Et je la déteste en même temps. Comme tout le monde je suppose.

Je me suis battu avec cette série qui n’en finit pas. Trop large. Trop fourre-tout.

〈...〉

 

Extrait de mon livre Homeland Vladivostok :

« Le drapeau. Et le gris du bâtiment qui l’accompagne.

Ici, des réminiscences d’« Ambiguïtés », une série qui était entièrement grise, ou presque. Que j’apprécie mais qui me plombait le moral, de par sa mélancolie ambiante qui ne correspondait plus à mes envies.

Dans « Homeland », plus que la signification du mot entier (patrie), j’aime le sens que dégagent les mots qui y sont accolés : maison-pays. Plus évocateur des deux significations séparées que le mot entier. Home-land. Parce que c’est ainsi que je ressens mon pays : une maison dans le sens d’un endroit petit, confortable et accueillant. « Chez moi », « Home sweet home ». Un lieu où je me sens bien, où je connais mes repères et mes habitudes : je suis casanier parfois. Et au retour de mes voyages je me suis souvent dit que je ne voudrais pas vivre ailleurs.

À ce sentiment se joint une petite frayeur en pensant que mon pays pourrait se diviser. Alors que si je ne parle pas la langue du nord (pas couramment, pas assez bien) et si je connais moins bien cette partie de ma patrie, j’y suis attaché également. Lorsque j’ai commencé cette série, l’unique phrase qui me plaisait quand je cherchais une introduction était : « Je suis le fils d’une femme du Nord et d’un homme du Sud ».

Je peux difficilement mieux expliquer mon sentiment, et mon attachement, que par cette phrase.

Je n’ai aucune envie de discours politique, aucun droit à une quelconque revendication. Lorsque je pense que ce pays pourrait être divisé me vient la pensée que nous sommes ridicules de ne pouvoir nous entendre, de laisser des langues et des cultures devenir de telles barrières.

Mes images, elles, cherchent à traduire ce que j’apprécie ici. Parfois seulement un sentiment ou un humour. Simplement un paysage. »