→→→ Mountains of Waste
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19 novembre 2013
N 45.612536, E 1.916084
Au milieu de rien.
J’ai vu là-bas quelques chevaux et deux tipis de toile écrue, inattendus.
Il y avait des arbres, à perte de vue, dont certains plantés
autour de rares maisons toujours isolées.
Je me promenais, pensant à un autre travail et creusant mon sillon
d’idées entre les conifères, lorsque surgirent les montagnes.
La brûme se posait sur ces formes d’infini et de pureté recrées à partir de rebus.
Les déchets et leurs formes m’ont fasciné des minutes entières.
Je les ai trouvées belles jusqu’à ce qu’elles m’asphyxient et que je décide
de reprendre la route vers ce rien de nature, salvateur.
Des arbres et encore des arbres.
Et la mousse, douce.
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15 janvier 2014
N 50.599662, E 4.141594
A posteriori, sous mes yeux.
Après avoir scanné les images et les avoir pensées en livre,
leur avoir fourni l’écrin que je trouvais juste, je m’en suis rendu compte.
Les montagnes de déchet.
La montagne.
Les heures de discussion avec Antoine et Lio à propos de voir encore du paysage
sur la pochette de Misses, titre de la reprise de ce beau projet qu’a toujours été Girls in Hawaii.
Elles eurent lieu entre mon refus initial et l’acceptation finale, en forme de douloureux compromis.
Que d’escarpements !
Ma décision, qui en fut la résultante : ne plus travailler avec eux.
Il y avait trop de tensions et une grande peur que s’y perde l’amitié.
La vie aussi, sans doute, qui me portait ailleurs.
La tristesse qui s’en est suivie, la mienne, de me retrouver seul après des années de palpitante fratrie.
Le combat intime contre la perte, cette autre forme de deuil.
Mon pic.
Et ensuite de nouvelles images, celles-ci, qui s’installent.
Trouver un titre et me rendre compte que tout cela existe.
Après Misses et Everest, qui sont leurs montagnes, les miennes se sont imposées.
Elles sont de déchets.
Ce pourrait être pathétique mais c’est cathartique.
Doucement je passe au-delà et ces nouveaux sommets, bien que sombres,
pointent ce qui peut-être de moi est le meilleur : de la peine tirer l’espoir,
de la noirceur extraire la douceur.
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